9 de noviembre de 2023

PARLONS ENSEMBLE, viernes 10 de noviembre a las 18:00 h y a las 19:00 h en la sala de Seminario


 Bien chers adeptes de notre atelier hebdomadaire,

Je vous propose cette fois-ci de nous inspirer concrètement de la lecture de cet extrait de livre de nouvelles d'Eric-Emmanuel Schmitt pour nous projeter à tour de rôle dans l'imaginaire ... puisque chacun possède cette belle capacité que la littérature aide à fortifier !

 

 L’intruse

 Dehors, bien que juillet débutât, les pelouses jaunissaient, les arbres perdaient des feuilles

roussies. La canicule avait frappé la place du Trocadéro. Elle avait frappé la France entière.

Chaque jour, elle perfectionnait son œuvre de mort ; chaque jour le journal télévisé

énumérait ses nouvelles victimes…

La sonnette retentit.

_ Charles !

Odile ouvrit la porte et découvrit Charles sur le palier.

_ Ah ! Quel bonheur ! Enfin !

_ Oui, excuse-moi, je n’ai pas pu revenir aussi vite que je te l’avais promis.

_ Ce n’est pas grave, tu es pardonné.

En entrant dans l’appartement, il fit surgir une jeune femme derrière lui.

_ Tu reconnais Yasmine ?

Odile n’osa pas le contrarier en avouant qu’elle ne se souvenait pas de la jolie brune élancée qui le suivait. Ah, cette infirmité de n’avoir aucune mémoire des physionomies…

« Pas de panique, ça, va me revenir », pensa-t-elle.

_ Bien sûr. Entrez.

Yasmine avança, embrassa Odile sur les joues et, pendant cette étreinte, Odile, si elle

n’arriva pas à l’identifier, sentit en tous cas qu’elle la détestait.

On passa au salon où on se mit à parler de la canicule. Odile se prêtait vaillamment à la

conversation quoique son esprit ne pût s’empêcher de vagabonder en dehors des phrases

échangées ; « c’est absurde, nous devisons à propos du temps sur un ton mondain en

présence d’une inconnue alors que nous avons, Charles et moi, tant de choses à nous dire ».

Soudain, elle interrompit la discussion et fixa Charles.

_ Dis-moi, ce qui te manque, ce sont des enfants ?

_ Quoi ?

_ Oui, je me demandais ces jours-ci ce qui clochait entre nous et il m’est venu à l’esprit que tu voulais sans doute des enfants. D’ordinaire, les hommes en désirent moins facilement que les femmes…Veux-tu des enfants ?

_ J’en ai ;

Odile crut avoir mal compris.

_ Quoi ?

_ J’ai des enfants. Deux. Jérôme et Hugo.

_ Pardon ?

_ Jérôme et Hugo.

_ Quel âge ont-ils ?

_ Deux et quatre ans.

_ Avec qui les as-tu eus ?

_ Avec Yasmine.

Odile se tourna vers Yasmine qui lui sourit. « Odile, réveille-toi, tu cauchemardes, là, ce n’est pas la réalité. »

_ Vous…vous…vous avez eu deux enfants ensemble ?

_ Oui, confirma l’intrigante en croisant élégamment ses jambes, comme si de rien n’était.

_ Et vous venez chez moi, sans gêne, avec un sourire, pour me le dire ? Vous êtes des

monstres !

La suite se montra confuse. Odile était tellement secouée par le chagrin qu’entre ses cris et ses larmes elle ne comprenait plus rien de ce qu’on proférait autour d’elle. Plusieurs fois, Charles tenta de la prendre dans ses bras ; chaque fois, elle le repoussa avec virulence.

_ Traître ! Traître ! C’est fini, tu m’entends, c’est fini ! Pars ! Mais pars donc !

 

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